Angèle Guigonet-Destelle                         1862-1945
 
 



Angèle Perrine Maria Guigonet naît le 2 Octobre

1862 à Montevideo (Uruguay) où son père

Julien Guigonet, natif de Sainte-Maxime,

est allé faire fortune et a épousé une argentine

d’origine basque, Marguerite Salle Ichourégui.


Julien Guigonet, fortune faite, revient

à Sainte-Maxime vers 1880.


C’est là que le jeune lieutenant d’infanterie

de marine Émile Honoré Destelle la rencontre.


Il l’épouse le 25 Février 1883.

Il vient d’être nommé capitaine au 2e régiment

d’infanterie de marine.


Elle va alors mener la vie d’une femme

d’officier de la «coloniale».


Elle sera seule pendant de très longues périodes, avec peu de nouvelles de son mari,

et craindra chaque jour qu’il soit victime des opérations militaires ou surtout des maladies

qui déciment les troupes. C’est la raison pour laquelle Émile Honoré lui donne des nouvelles de sa santé dans pratiquement toutes ses lettres.


Les communications à la fin du XIXe siècle se font essentiellement par courrier, ou par de rares télégrammes pour des nouvelles très importantes. Les lettres mettent plusieurs semaines pour arriver. Les changements d’affectations d’Émile, et l’avancée des troupes

ne facilitent pas l’acheminement du courrier. De nombreuses lettres s’égarent.


Angèle doit tout gérer. Émile Honoré lui envoie de l’argent sous forme de traites et dans ses lettres, il s’inquiète souvent de la bonne réception de celles-ci. Parfois il demande plusieurs fois de suite à Angèle de lui accuser réception de cet argent.


Dès qu’il le peut., E.H Destelle la fait venir auprès de lui. Cela lui est possible

lorsque la pacification est acquise et que les conditions de vie sont correctes.


C’est ainsi que dès l’automne 1883, il l’emmène en Nouvelle-Calédonie où il va diriger

la cartographie de l’île. Elle embarque sur «La Dordogne» avec son piano (c’est une excellente musicienne), et fait un voyage mouvementé de 4 mois sur ce grand bateau à voiles.         Voyage Toulon-Nouméa



                                                         
















Un an après, elle reprend la mer pour rejoindre son mari à Hanoï. Elle emmène avec elle la petite Margot. Elles vont rester plus de deux ans au Tonkin, où Angèle donne naissance

le 26 Octobre 1892 à Jeanne.


Après son retour en France, la famille habite Toulon et Sainte-Maxime


C’est à Toulon que nait Andrée le 23 Avril 1895, alors qu’Émile Honoré vient de partir pour la conquète de Madagascar (il apprend la naissance par un télégramme qu’il reçoit à Port-Saïd).


En 1897 Émile Honoré est envoyé en Crète.

Encore une fois, elle va accoucher seule, le 11 Octobre,

de leur fils Émile.


En Juin 1901, Émile Honoré emmène toute sa famille en Crète.

Ils vont habiter pendant trois ans à La Canée,

dans le quartier d’Halepa, où se trouvent les consulats.


La famille à La Canée


Puis Émile Honoré prend sa retraite.

Ils vont habiter successivement Sainte-Maxime, Toulon

puis La-Valette-du-Var.


Pendant la Grande Guerre, elle s’inquiète beaucoup pour son fils

Émile qui se trouve à partir de l’été 1918 au cœur des combats

les plus violents.


En 1917, ils habitent pendant quelques mois Villefranche-sur-mer pour y suivre Émile affecté au 24e bataillon de chasseurs alpins. A l’automne 18, ils déménagent à Bordeaux où Émile Honoré, ayant demandé à reprendre du service, est affecté à la tête d’un important détachement de travailleurs coloniaux.


Ils y restent un an jusqu’à la démobilisation finale de Novembre 1919.


Ils vont vivre une retraite paisible, entrecoupée de rares voyages dans la famille.


Sa fille Jeanne s’est mariée en 1912 avec Léon Mul, un médecin de marine. Ils ont une vie de coloniaux, toujours en déplacement, en Guyane, au Tonkin, et en Afrique. Entre deux séjours aux colonies, ils reviennent dans la famille à Toulon.


En 1920, c’est son fils Émile qui se marie à Herblay avec Marguerite Cartier. Il est médecin de marine. Il quitte assez vite la marine et s’installe comme médecin généraliste.


Voir Émile Destelle.


Andrée se marie en 1921 avec René Bardoul, un médecin de marine (encore !) qu’elle a rencontré à Bordeaux. Ils vont habiter en Bretagne à Pont-Croix.


Margot ne se marie pas et reste vivre avec ses parents.




















Angèle meurt à l’été 1945 à La-Valette-du-Var, un an après son mari.


D’après ses petits-enfants, elle était très sévère et donnait peu de preuves d’affection.


Cette attitude s’explique peut-être par la dureté de la vie qu’elle a menée, malgré une certaine aisance financière.


Bien qu’elle ait reçu, au début surtout, une certaine aide de la part de sa belle-sœur, Victorine, notamment au moment des accouchements, elle a géré toute la famille, seule pendant des années, veillant ses enfants malades, les accompagnant même pendant leurs derniers jours, angoissant à propos de la santé et de la vie de son mari dont elle n’avait que très peu de nouvelles, s’occupant des déménagements très fréquents, etc...


 

    La-Valette-du-Var 1938-1939

1er rang : Émile Honoré, Angèle, Margot

2e rang : Jean, Marthe, Marguerite, Jacques

Le couple ne sera pas épargné par les malheurs liés

à la forte mortalité infantile de cette époque.


En Nouvelle-Calédonie, ils perdent leur première fille, Émilie, à l’âge de 10 mois.


Plus tard, en 1890, Angèle suit son mari à Cherbourg où il dirige l’École de Tir. En Mars, Il est nommé

en Cochinchine. Angèle reste seule pour donner le jour

à Margot, leur troisième fille, le 22 juin.

Elle est seule encore pour enterrer un mois plus tard   

Marthe, leur deuxième fille, morte également de maladie à l’âge de 3 ans.

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