Introduction


Ce texte est la transcription la plus exacte possible des lettres et journaux personnels envoyés à sa femme Angèle, par Émile Honoré DESTELLE, du 21 Avril 1895 au 15 Mars 1896


Il a 39 ans, il est chef de bataillon au 13e, puis au 8e régiment d’Infanterie de Marine.

Ce texte se compose de 4 parties :

1- Le voyage Marseille-Madagascar du 21 Avril au 12 Mai 1895

2- Le séjour à Majunga puis l'avance jusqu'à Andriba du 12 Mai au 16 Septembre 1895

3- La "colonne légère" d'Andriba à Tananarive du 17 Septembre au 6 Octobre 1895

4- Le séjour à Tananarive, du 7 Octobre 1895 au 15 Mars 1896



En général, les dépêches politiques, les télégrammes, tous les documents qui ne font pas exactement partie des comptes-rendus des séances sont de couleur bleue.

Notes - Remarques



Jusqu’à son arrivée à Tananarive, ce journal est constitué des lettre écrites à sa femme Angèle.

Après son installation à Tananarive, le journal reprend une forme plus « classique », et est entrecoupé de lettres.

Les remarques, commentaires ou explications, sont de couleur rouge.

Copyright :


Tous les éléments figurant sur ce site sont protégés par les dispositions du Code de la Propriété Intellectuelle. En conséquence, toute reproduction de ceux-ci, totale ou partielle, ou imitation, sans l'accord exprès de leurs auteurs respectifs, préalable et écrit, est interdite. Il est formellement interdit de collecter et d’utiliser toute information disponible sur le site à des fins commerciales. Cette interdiction s’étend notamment, sans que cette liste ne soit limitative, à tout élément rédactionnel figurant sur le site, aux logos, images, photos, graphiques, de quelque nature qu’ils soient.


Rappel historique (Extraits de Wikipédia)



L’affaire de Madagascar revient sur le devant de la scène avec la signature d’une convention franco-britannique le 5 août 1890. Contre la reconnaissance par la France du protectorat britannique sur Zanzibar, le Royaume-Uni fait de même pour le protectorat français sur Madagascar. En novembre, l’empire allemand rejoint l’accord contre la reconnaissance de ses droits sur l’Afrique orientale allemande. Les Malgaches sont désemparés, des troubles éclatent qui voient l’assassinat de plusieurs Européens.
En 1892, le parti colonial demande l’application du protectorat sur l’île. Les Réunionnais, par la voix de leur député François Césaire de Mahy, demandent une annexion pure et simple. Le 22 janvier 1894, le gouvernement Casimir Perier, répond favorablement à ces demandes et se dit prêt à prendre des mesures graves. Les parlementaires votent à l’unanimité un chèque en blanc au gouvernement pour « maintenir notre situation et nos droits, rétablir l’ordre, protéger nos nationaux, faire respecter le drapeau ».
Cependant, le gouvernement, qui hésite encore, ne fait que renforcer les garnisons des comptoirs français et envoie une escadre navale, tentant une dernière démarche diplomatique pour établir un véritable protectorat. Après le refus de la reine le 22 octobre 1894, la France procède à l’évacuation de ses ressortissants; la guerre est déclarée.
Le gouvernement envoie une expédition de 15.000 militaires et 7.000 convoyeurs, qui est présentée comme une grande affaire nationale à l’opinion publique française. Le 12 décembre 1894, l’escadre du capitaine de vaisseau Bienaimé occupe Tamatave et débarque à Majunga le 14 janvier 1895.

Composition du corps expéditionnaire
Le corps expéditionnaire, qui commence à débarquer à Majunga le 23 avril 1895 en pleine saison des pluies, est dirigé par le général Duchesne, ancien du Tonkin et d’Algérie et le chef des services de renseignements du corps expéditionnaire est le lieutenant-colonel Léon de Beylié.

Il est divisé en 2 brigades :
  • 1re brigade qui dépend de l'armée de terre est sous les ordres du général Metzinger1 :
    • 40e bataillon de chasseurs à pied
    • 200e régiment d'infanterie
    • Régiment Algérie, de l'armée d'Afrique, sous les ordres du colonel Oudri du 2e régiment étranger, composé de
      • 2 bataillon de tirailleurs algériens
      • 1 bataillon de marche de la Légion étrangère, formé par les 1er et 2e Étrangers
    • Artillerie
      • 2 batteries de montagne
      • 2 batteries montées
  • 2e brigade qui dépend de la marine est sous les ordres du général Voyron
    • 13e régiment d'infanterie de marine (où sert E.H. Destelle)
    • 1 régiment de marche colonial formé de
      • 1 bataillon malgache
      • 1 bataillon de Haoussas soudanais
      • 1 bataillon de La Réunion
    • Artillerie
      • 2 batteries d'artillerie de montagne
  • Cavalerie
    • 10e escadron du 1er chasseurs d'Afrique
  • Train
    • 30e escadron à six compagnies sous les ordres du chef d’escadron Deyme. 44 officiers, 860 sous-officiers, brigadiers et conducteurs français, 4 270 conducteurs auxiliaires indigènes, 4 500 chevaux et mulets tirant 4 000 voitures Lefebvre


Déroulement[

L’expédition souffre terriblement de son manque de préparation. Les hommes manquent de quinine contre le paludisme, celle-ci étant à fond de cales sous d'autres fournitures. Le fait d'avoir choisi pour le transport des troupes la voiture hippomobile Lefebvre (charrette d'une masse de 335 kg portant un chargement de 250 kg tiré par un mulet commandé à 5 000 exemplaires pour l'expédition) condamne le corps expéditionnaire à construire une route carrossable du point de débarquement jusqu’à Tananarive et expose les milliers d’hommes du génie qui effectuent les terrassements et ceux du train qui parcourent la route sans relâche à la mort par maladie.

  • 27 mars - Prise de Mahabo sur la rive gauche de la Betsiboka
  • 3 avril - Attaque de Miadana par le général Metzinger
  • 6 mai - À la tête du gros du corps expéditionnaire, le général Duchesne débarque au milieu de la confusion et met un mois à rétablir l’ordre sur les arrières avant de rejoindre son avant-garde qui cheminait lentement dans les marais.
  • 6 juin - Partant d'Ambato, la Légion étrangère s'établit sur la rive droite de la Betsiboka.
  • 9 juin - Prise de Mevatanana et le général Duchesne installe son QG à Suberbieville.
  • Jusqu’au 14 juillet, le corps expéditionnaire franchit trois massifs allant de 500 à 1 200 m. Les ravitaillements deviennent problématiques du fait du faible rendement des voitures Lefebvre. La ville d'Andriba est atteinte le 20 août, après cinq mois de fatigues surhumaines.
  • 22 août - Prise de Andriba par le général Voyron.
De là, il est décidé d'envoyer une colonne légère vers la capitale malgache. Elle comprend 4.250 combattants, trois batteries d’artillerie, 300 conducteurs du train français et 1.500 Kabyles, avec 250 chevaux et 2.800 mulets portant 20 jours de vivres. La distance de 150 km qui sépare Andriba de Tananarive est parcourue en seize jours.

  • 15 septembre - Combat de Tsinainondry
  • 17 septembre - Combat du col de Kiangara
  • 19 septembre - Combat des monts Ambohimena
  • 30 septembre - Prise de Tananarive.
Alors que le corps n’a perdu que 25 hommes au combat, 5.756 meurent de maladie. L'expédition, qui est la plus meurtrière de toutes, perd près de 40 % de ses effectifs.

L'absence de résistance organisée de l'armée malgache commandée par Ramasombazaha, commandant en chef des armées du nord-ouest, ainsi que la prise de Tananarive le 30 septembre 1895 permettent la mise en place d’un protectorat le 1er octobre, mais au prix de la naissance d'un fort mouvement anticolonial.

Ce protectorat ne convient pas aux Réunionnais et au parti colonial, qui réclamaient l’annexion. Par décision unilatérale, par décret du 11 décembre
1895 et la loi du 6 août 1896, Madagascar est annexé et rattaché au ministère des Colonies.

L’île s’embrase alors dès septembre
1896 et Paris envoie le général Gallieni, investi de tous les pouvoirs civils et militaires, afin de rétablir l’ordre.


E.H. Destelle quitte Madagascar le 15 Mars 1896


La pacification du général Gallieni (Extrait de Wikipedia)

Promu général de brigade, le général Gallieni est envoyé en 1896 à Madagascar en tant que résident général. Il arrive à Tananarive le 15 septembre. À la méthode diplomatique de son prédécesseur, le général Laroche, il préfère la méthode forte pour endiguer la montée de la résistance anti-coloniale. Il instaure le travail forcé des indigènes. La cour royale, foyer de résistance contre la France, est placée sous surveillance.

Le 11 octobre 1896, lendemain du départ de l’ancien résident général Laroche, Gallieni, qui jouit des pleins pouvoirs, fait arrêter le prince Ratsimamanga et Rainandriamampandry, ministre de l’Intérieur, et les traduit devant le Conseil de guerre pour rébellion et « fahavalisme ». Le 15 octobre, à l’issue d’une parodie de procès, ils sont condamnés à mort et exécutés à titre d’exemple, souhaitant faire « forte impression sur les indigènes ». Un des membres du Conseil de guerre devait confirmer par la suite que les deux accusés avaient été « condamnés sur ordre » de Gallieni. Ce dernier détruit le procès-verbal de l’audience plutôt que de le transmettre aux archives militaires.

La reine Ranavalona III est accusée de comploter contre l’influence française, elle est déchue le 27 février 1897 et exilée à l’île de la Réunion. En huit ans de proconsulat, Gallieni pacifie la grande île, procédant à sa colonisation. Au total, la répression qu’il mène contre la résistance malgache à la colonisation aurait fait de 100.000 à 700.000 morts pour une population de 3 millions.

Execution_of_Madagascar_officials,_1896

Exécution d’officiels malgaches par ordre de Gallieni, résident général - L'Illustration Novembre 1897


Selon le général Gallieni, l’action militaire devait être accompagnée d’une aide aux peuples colonisés dans différents domaines tels que l’administration, l’économie et l’enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu’une parfaite connaissance du pays et de ses langues. Sous l’impulsion de Gallieni, de nombreuses infrastructures sont mises en place : chemin de fer de Tamatave à Tananarive, Institut Pasteur, écoles laïques dispensant un enseignement en français.

Il fit appliquer la politique dite de politique des races, qui consistait dans la reconnaissance de l’identité de chaque groupe ethnique et la fin de leur subordination à un autre groupe ethnique, ceci avant tout pour mettre fin à la domination merina séculaire, les Merinas étant les plus hostiles à la domination française. En s’appuyant sur les thèses anthropologiques racialistes de l’époque, telles que celles développées par Joseph Arthur de Gobineau, après un recensement systématique de la population utilisant la photographie, il tente de découper les circonscriptions administratives en suivant cette cartographie des races.


carte madagascar